Dimanche 1er Octobre 2017 | ||
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La maison de la géologie est constituée d'une partie musée à l'intérieur de la structure et d'un géodrome à l'extérieur.
La maison de la géologie est aussi doté d'un géodrome situé à l'extérieur où nous emmène Raymond Cirio pour une petite présentation.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la maison de la géologie Lien vers le site de la maison de la géologie
Bruno Ancel
Plusieurs sources sont utilisées pour connaître le minerai et faire une analyse structurale, minéralogique et géochimique : les archives de la mine du XIXème siècle, la mine a été abandonnée en 1908 et il y a eu ensuite de nouvelles investigations en 1992 pour faire la cartographie avec le BRGM.
Le minerai du Fournel est de la galène argentifère c'est à dire une mine de plomb mais pouvant contenir de l'argent. A argentière, la concentration est de 1. 1 à 1.6 pour mille d'Ag.
La galène est du PbS mais il est associé avec du quartz et de la barytine et quelque fois à de la blende. La galène est présente pour 30 % au plus dans l'encaissant, il est alors appelé minerai riche. Si la galène est plus diffuse dans l'encaissant on l'appelle minerai pauvre.
Le gisement est type filonien, le filon est lié à un mouvement de décrochement vertical. L'origine des fluides minéralisés n'est pas connue par manque d'étude. Le filon s'est formé au début du cycle Alpin dans des sédiments de quartzites. Il y a 25 millions années, le rejeu de la fracture permet la formation de la nappe de charriage dans le Briançonnais. Les relevés effectués permettent de retrouver les différents cisaillements. On trouve du minerai morcelé dans différentes positions hautes ou plus enfouies quelques fois comprises entre les quartzites et les schistes. C'est une géologie complexe.
Après les réajustements s'effectue une fracturation de l'ensemble du massif, les mouvements verticaux entraînent un décalage des filons de minerai, le filon n'est donc plus continu, ce qui est difficile pour l'exploitation, il reste toujours du minerai dans la montagne. Les failles sont bien visibles dans la mine ainsi que les miroirs de faille.
Enfin, l’érosion du quaternaire avec les glaciations ont donné des vallées en Auge ainsi que le surcreusement des torrents du au dégel des glaciers. L'érosion a alors permis la mise en évidence des filons à l'affleurement.
L'exploitation de la mine entre en activité au début du X ème et s'est arrêté vers la fin du XVIII ème siècle: la datation au 14C avec du bois comporte des incertitudes en particulier liées à la sélection du bois qui permet la datation. Actuellement, c'est l'aubier du bois qui est utilisé et non du vieux bois.
L’archevêque d'Embrun ainsi que le dauphin Guingues V ont des droits sur la mine mais c'est une autre entité qui l'exploite. Ils ont le droit de frapper monnaie, effectivement l'argent sert à fabriquer des pièces.
Au XVIIIème siècle, il y avait un règlement minier. Celui-ci fixe un cadre général de l'exploitation: les ouvriers sont libres, il y a une administration minière avec des représentants des financiers, des actionnaires, des ouvriers, des cadres techniques qui fixe les taxes, les salaires, les règles de sécurité.
Au moyen âge l'exploitation est majoritairement en surface. On en voit encore les déblais.
On reconstitue une carte avec les différents sites exploités. L'extraction est alors de 15000 tonnes de minerai riche.
En profondeur, les mineurs utilisent le feu pour casser l'encaissant, la quartzite très dure, on voit des traces de suies sur les parois.
Les travaux modernes ont été entrepris au-delà des travaux du moyen âge de manière discontinue: une première tentative au XVIII mais il n'y a pas de nouveaux filons trouvés. La reprise s'effectue en 1840, ils achèvent alors une galerie où ils trouvent un gros panneau de minerai, les travaux s'étendent alors. La reprise consiste à passer tous les rejets de faille. Les ouvriers enlèvent le minerai riche et pauvre, les filons peuvent atteindre 8 m et forment alors des grands espaces qui seront remblayés par la suite pour éviter l'effondrement. La technique est l'explosif, l'avancée est alors de 5 à 6 m par mois. En 50 ans, 170 000 tonnes de minerai brut est extrait mais avec la même quantité d'argent qu'au moyen âge car le minerai est pauvre. Les techniques s'améliorent car le minerai extrait est de plus en plus pauvre et il faut vendre du minerai contenant environ 50% de galène : il y a des machines de concassages, de tri, de lavage.
La descente jusqu'à la mine s'effectue par un petit chemin.
Au moyen âge, des ânes étaient utilisés par les ouvriers pour remonter le minerai. Arrivés à la mine, nous sommes équipés de casques.
L'entrée de la mine est placée très près du torrent ce qui lors des crues aurait pu être un vrai problème mais il ne semble pas qu'il y ait d'incident (les archives ne le mentionnent pas). Nous pénétrons dans la partie la plus récente de la mine, la galerie a dû être déblayée des sédiments par un groupe de volontaires. Elle est légèrement en pente vers l'extérieur pour permettre une évacuation des eaux. Notre guide nous explique alors que les galeries constituaient soit des points d'accès ou d'évacuation du minerai ou de l'eau. Il reste encore quelques veines de minerai non exploitées et visibles dans la quartzite.
Nous pénétrons dans une salle plus grande où l’exploitation a dégagé de grande quantité de minerai. Les ouvriers dégageaient la roche avec des explosifs. Dans la journée, ils creusaient un trou à l'aide d'un outil pointu qu'il tournait et qu'il enfonçait au marteau pour atteindre une profondeur de 50 cm. Le soir, ils inséraient de la poudre noire, rebouchaient le trou et plaçaient une longue mèche. Les explosifs étaient placés tous les 30 cm environ. Le lendemain, ils déblayaient les débris. Dans l'une des salles, on trouve une pompe pour extraire l'eau, celle-ci fonctionnait grâce à une grande roue à eau provenant du torrent. Un treuil permettait de remonter le minerai placé plus en profondeur.
Nous nous dirigeons vers la partie la plus ancienne en passant les plans de faille. La partie de l'exploitation qui date du moyen-âge est composée de galeries dont le plafond est d'une inégale hauteur: la quartzite étant très dure, de grands feux étaient nécessaires pour la fractionner, des trous permettaient les arrivées d'air pour alimenter le feu et des galeries donnant sur l'extérieur permettaient alors l'évacuation des fumées. En hiver, les courants d'air étant plus forts, les feux étaient plus importants et dégageaient davantage de fumées, les plafonds étaient alors plus hauts. De cette façon, on estime que la progression était à cette époque de 5 m par an environ. Un petit musée présente les différentes étapes de l'exploitation et présente le minerai ainsi que les outils pour l'extraire. Un petit film présente la bourgade d'Argentière, la situation géographique de la mine, les étapes clés de l'exploitation.
Nous nous retrouvons à la sortie de la mine au petit musée pour le dernier apéritif clôturant ces journées. en compagnie de M Pajot et M Cirio.
Nous partageons le dernier pique-nique et profitons de ces derniers moments avec un soleil splendide devant un paysage superbe.