Posséder une cuticule : disposer d'une protection temporaire | ||
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Enveloppe corporelle rigide, résistante mais souple, la cuticule constitue une protection vis-à-vis des contraintes mécaniques, qu'il s'agisse de chocs, de compressions ou de tractions. Plus généralement, elle contribue à la défense de l'organisme contre les agressions physiques. Ainsi, la température corporelle est stabilisée grâce à la réflexion des rayons solaires par la couche cireuse de couleur claire.
Imperméable en raison de la présence des cires et des sclérotines, elle limite les échanges d'eau que ce soient des pertes en milieu aérien comme chez les Insectes ou des gains en eau douce chez l'Écrevisse par exemple. Inversement dans le cas du krill, petites crevettes des eaux froides, les échanges gazeux et l'excrétion des déchets azotés sont réalisés par diffusion à travers les régions fines de la cuticule. De manière générale, le cément et les cires sont responsables d'une protection vis-à-vis des agressions chimiques.
La cuticule est également un dispositif anatomique impliqué dans les relations avec les autres êtres vivants. Elle contribue au camouflage, par sa coloration qu'elle soit d'origine pigmentaire ou physique. Elle joue un rôle dans la communication intraspécifique, avec la présence de phéromones dans l'épicuticule permettant par exemple le rapprochement des sexes chez les Araignées.
Cependant, la cuticule rigide et externe détermine le volume du corps et empêche la croissance.
Comment la taille des Euarthropodes augmente-t-elle en dépit de la cuticule ?
La croissance des Euarthropodes est réalisée par un processus appelé mue, très coûteux en énergie. Il consiste en l'élimination de la cuticule et en la formation d'une nouvelle, temporairement souple et extensible.
Il existe deux types de mues :
les mues de croissance permettant une augmentation de la taille ;
la mue de métamorphose assurant la transformation du corps avec un changement de forme.
La mue commence par une étape d'apolyse, correspondant au décollement l'ancienne cuticule de l'épiderme. Elle se poursuit par la sécrétion du liquide exuvial, entre l'épiderme et la cuticule. Le liquide exuvial est composé d'enzymes capables de digérer les constituants de la cuticule, inactives à ce stade. La sécrétion de la nouvelle cuticule débute alors, avec l'épicuticule puis la procuticule. Simultanément, les enzymes du liquide exuvial sont activées et réalisent la dégradation des molécules de l'endocuticule. Les produits de la digestion sont réutilisés dans la nouvelle cuticule. Les attaches musculaires s'ancrent progressivement de l'ancienne cuticule à la nouvelle. La dernière étape de la mue consiste en le rejet de l'ancienne cuticule, appelé exuviation ou ecdysis. L'ancienne cuticule, constituée d'épicuticule et d'exocuticule, rompt sous l'action d'une pression au niveau de lignes de moindre résistance appelées lignes exuviales où l'exocuticule est absente. L'animal s'extrait de l'ancienne cuticule, devenant une exuvie. L'exuvie est formée de la cuticule de la surface du corps mais aussi de celle des trachées, des tubes digestifs antérieur et postérieur et des canaux évacuateurs des glandes.
La nouvelle cuticule est molle et extensible. Selon son milieu de vie, l'animal avale de l'air ou de l'eau ce qui dilate son tube digestif et augmente la pression de l'hémolymphe environnante, distendant la cuticule. Les dimensions de la nouvelle cuticule sont alors supérieures à celles de l'ancienne. Son durcissement intervient, notamment en raison du tannage des protéines appelé sclérotinisation. Le remplacement progressif de l'air ou de l'eau par des tissus permet l'accroissement de la masse de l'animal.
La mue est un évènement pendant lequel l'animal est dépourvu d'enveloppe corporelle protectrice, de structure de soutien et de transmission des forces. Il est vulnérable et immobile, incapable de se nourrir. Généralement il se protège en se cachant, le temps que la nouvelle cuticule durcisse.