Le tégument : une interface organisme-milieu à rôle protecteur | ||
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Situé à l'interface entre l'organisme et le milieu, le tégument est soumis aux contraintes du milieu, qu'elles soient physiques, chimiques ou biologiques.
Le tégument des Euarthropodes comporte une cuticule superficielle recouvrant tout le corps. Elle est constituée de pièces rigides mais flexibles et parfois élastiques, articulées grâce à des membranes articulaires. La flexibilité est liée à la présence de chitine, molécule fibreuse formant des feuillets superposés, au sein desquels les fibres sont parallèles, mais leur orientation varie d'un feuillet à l'autre. La rigidité est notamment due aux sclérotines, arthropodines tannées, agencées en un réseau peu déformable et parfois à une imprégnation par des sels minéraux.
La flexibilité assure à la cuticule une résistance élevée aux contraintes mécaniques et sa rigidité lui confère une résistance aux chocs. Constituant l'enveloppe corporelle externe, la cuticule protège le corps des Euarthropodes vis-à-vis de contraintes mécaniques, grâce à ses propriétés physiques.
Qu'en est-il de la coquille des Mollusques ?
La Moule est un animal du groupe des Eumollusques, et appartient aux Bivalves. Elle mène une vie fixée en milieu marin. Son corps est entouré d'une coquille formée de deux valves. Dépourvu de tête en relation avec son mode de vie, il comporte une masse viscérale dorsale, un pied ventral et une cavité palléale dans laquelle des branchies sont présentes.
Le tégument de la Moule, et plus généralement des Eumollusques, est replié et forme un manteau délimitant la cavité palléale. Il est constitué d'un épithélium simple, cubique à prismatique et cilié, correspondant à l'épiderme. Entre les cellules de revêtement, de nombreuses cellules glandulaires sont présentes ainsi que des cellules sensorielles. Les cellules glandulaires produisent notamment du mucus. L'épiderme repose sur une membrane basale sous laquelle des fibres musculaires et un tissu conjonctif fibreux sont présents.
La coquille est stratifiée. Elle est formée de trois couches, l'hypoostracum interne, l'ostracum moyen et le périostracum superficiel. Elle est composée d'une matrice organique comprenant une scléroprotéine, la conchyoline, ainsi que divers acides aminés, et de carbonate de calcium sous forme d'aragonite, dans l'hypoostracum et l'ostracum. La coquille est produite par les cellules du bord du manteau sécrétant la matrice organique et les cristaux de carbonate de calcium. L'épiderme externe du manteau est responsable de son épaississement, la plupart de ses cellules produisant ses constituants.
Très rigide et résistante aux chocs, la coquille n'est pas articulée. À l'instar de la cuticule des Euarthropodes, elle confère au corps mou des Eumollusques une protection notamment vis-à-vis des contraintes mécaniques.
La Cione est un Urochordé menant une vie fixée en milieu marin. Son tégument est constitué d'un épithélium simple, cubique à prismatique, l'épiderme, reposant sur une membrane basale sous laquelle un tissu conjonctif fibreux est présent, parcouru de bandes musculaires longitudinales et circulaires. L'épiderme est recouvert d'une épaisse tunique gélatineuse composée d'eau, de protéines et de tunicine, glucide proche de la cellulose. Elle est parfois renforcée par des spicules calcaires. La tunique est produite par les cellules épidermiques qui en sécrètent les constituants. À la différence des cuticules et coquilles, elle n'est pas anhiste : elle contient des cellules, amœbocytes et cellules sanguines et est parfois parcourue de vaisseaux sanguins. Pour autant, elle joue un rôle protecteur, vis-à-vis de contraintes physiques ou d'organismes épibiontes, viant fixés sur d'autres organismes.
Enveloppe corporelle, le tégument est très fréquemment coloré. La couleur est liée la présence de pigments, situés dans les cellules superficielles ou les cellules profondes appelées chromatophores, voire dans les revêtements anhistes. Parmi les pigments tégumentaires figurent la mélanine de couleur marron à noire et les caroténoïdes de couleur jaune-orangé. La pigmentation du tégument assure une protection vis-à-vis des rayonnements ultraviolets présents dans l'environnement, ayant notamment un effet mutagène.
La coloration du tégument par des pigments peut être contrôlée et modulée par voie nerveuse ou hormonale. Ainsi la Seiche, Eumollusque céphalopode se camoufle grâce à des modifications de sa pigmentation. Elle devient alors difficilement repérable par ses proies comme par ses prédateurs. La coloration est alors une protection par rapport à des facteurs biologiques du milieu.
La coloration du tégument peut par ailleurs être due à des mécanismes physiques comme la diffusion, l'interférence ou la diffraction de la lumière. Ils impliquent les couches de la cuticule des Euarthropodes ou la kératine des plumes des OIseaux par exemple.
Le tégument de l'Hydre d'eau douce, et plus généralement des Cnidaires, comportent des cellules spécifiques du groupe, les cnidocytes. Elles contiennent une capsule, le cnidocyste, renfermant un filament et un venin. Lorsque le cnidocil, expansion sensible de la cellule, est stimulé la capsule s'ouvre et le filament est dévaginé. À la manière d'un harpon, il se fiche dans le tégument de l'organisme entré en contact avec le cnidocil et inocule le venin. Si ces cellules sont impliquées dans la prise alimentaire, elles contribuent également à la défense des Cnidaires vis-à-vis d'agents biologiques comme les animaux prédateurs.
Les Grenouilles sont des Vertébrés du groupe des Lisssamphibiens, vivant en milieu aérien à proximité de pièces d'eau.
Leur tégument est constitué d'un épiderme pluristratifié pavimenteux recouvert d'une fine couche cornée. Il forme des glandes exocrines s'enfonçant dans le derme, ouvertes à la surface de l'épiderme par un canal évacuateur. Certaines sont muqueuses et produisant un mucus visqueux réparti à la surface du tégument, alors que d'autres sont séreuses. Formées d'un syncytium sécréteur, elles produisent des substances toxiques composant un venin. Le contenu de leur lumière est expulsé grâce à la contraction de cellules myoépithéliales entourant les unités sécrétrices. Le venin assure une protection vis-à-vis des prédateurs.
La kératine de la couche cornée du tégument des Vertébrés joue également un rôle protecteur, notamment vis-à-vis de l'abrasion.
Ainsi, en relation avec ses propriétés physiques, notamment mécaniques, et les sécrétions qu'il produit, le tégument joue un rôle protecteur vis-à-vis des facteurs abiotiques et biotiques de l'envionnement.
Il est également la surface de contact avec le milieu dans lequel les animaux se déplacent.