Le tégument : une interface organisme-milieu à vocation mécanique | ||
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La cuticule du tégument des Euarthropodes est formée de pièces rigides articulées entre elles par des membranes articulaires souples.
Le corps des animaux est de manière générale composé d'une quantité importante d'eau, répartie entre les compartiments intracellulaire et extracellulaire, divisé en compartiments intratissulaire et extratissulaire. Il est soumis à diverses contraintes de l'environnement, en particulier à la gravité. Or en présence de contraintes, les liquides se déforment. En conséquence la gravité tend à provoquer l'affaissement des cellules et tissus contenant de l'eau. La déformation est évitée grâce à la présence d'une structure de soutien rigide constituant l'armature corporelle, le squelette.
Dans le cas des Euarthropodes, le squelette est représenté par la cuticule. En raison de sa localisation à l'extérieur du corps, il est appelé exosquelette. Sa rigidité, liée à la présence des protéines tannées et à la minéralisation, alliée à sa flexibilité, lui permettent de supporter le poids du corps.
De la même manière, la coquille des Eumollusques joue le rôle de structure de soutien, bien que non articulée généralement.
Chez les Échinodermes, les pièces squelettiques tégumentaires sont enchâssées dans le derme, surmonté d'un épiderme simple et cilié.
Outre sa fonction de soutien, le squelette joue généralement un rôle essentiel dans la fonction de locomotion.
La locomotion est la fonction par laquelle les animaux se déplacent dans le milieu. Elle consiste en l'application d'une force sur l'environnement, qui en retour exerce une réaction responsable de la propulsion. Les acteurs de la locomotion sont les systèmes musculaire et squelettique. Le premier, par ses propriétés contractiles, produit la force appliquée à l'environnement et le second, grâce à sa rigidité, la transmet à l'environnement. Les extrémités des muscles sont fixées sur les pièces squelettiques, de part et d'autre d'une articulation, de sorte que leur contraction conduit à un pivotement des pièces squelttiques qui peuvent entrer au contact de l'environnement.
Dans le cas des Euarthropodes, les muscles sont fixés sur la face interne de l'épicuticule. Leur contraction permet le déplacement relatif des pièces squelettiques auxquelles ils sont fixés, autour des membranes articulaires. Les membranes articulaire sont souples et flexibles, la cuticule les recouvrant étent dépourvue d'exocuticule rigide. La cuticule réalise ainsi la transmission des forces d'origine musculaire à l'environnement, de même que tout squelette animal.
La locomotion implique une interaction avec l'environnement. Le tégument étant localisé à l'interface entre l'organisme et son environnement, il est vraisemblablement impliqué dans l'interaction indépendamment de son rôle de squelette.
Le Vairon est un Téléostéen vivant en eau douce et dont la locomotion est réalisée par la nage.
Le tégument du Vairon, et plus généralement des Téléostéens, est constitué d'un épithélium pluristratifié pavimenteux, l'épiderme, surmontant un tissu conjonctif fibreux, le derme.
Outre les cellules de revêtement, l'épiderme comprend de nombreuses cellules à mucus. Le derme quant à lui comporte des écailles dites élasmoïdes, se présentant comme de fines lamelles transparentes. Elles sont constituées d'une plaque basale d'élasmodine minéralisée, composée de fibres de collagène agencées en feuillets superposés, l'orientation des fibres variant d'un feuillet à l'autre, d'une plaque moyenne, plus fine et plus minéralisée,formée de fibres de collagène organisées en réseau, et d'une fine lame superficielle très minéralisée dépourvue de collagène.
Le mucus produit par l'épiderme est réparti à la surface du corps. Il joue le rôle de lubrifiant et facilite la progression du Téléostéen dans l'eau en réduisant les frottements.
Les écailles, insérées dans le derme par leur région antérieure et libres au niveau de leur région postérieure, se chevauchent. Elles forment un revêtement corporel favorisant la progression dans l'eau en réduisant également les frottements.
Les Oiseaux sont des Vertébrés aériens se déplaçant par le vol.
Leur tégument est comparable à celui des Mammifères. Il est constitué d'un épiderme pluristratifié pavimenteux et kératinisé, surmontant un derme de nature conjonctive.
L'épiderme présente des invaginations dans le derme au niveau desquelles des phanères spécifiques, les plumes, sont formés. Les plumes recouvrent le corps, contribuant à la définition de sa forme aérodynamique. Ce sont des phanères légers, juxtaposés au niveau des ailes dont ils constituent l'essentiel de la surface, qui demeure ajustable. Ils constituent l'essentiel de la surface portante et assurent la propulsion par un appui sur l'air. Ils sont également présents au niveau de la queue, constituant une surface contribuant au vol, utilisée principalement à faible vitesse et dans les manœuvres.
L'épiderme forme de rares glandes localisées au niveau du croupion, enfoncées dans le derme. Appelées glandes uropygiennes, elles produisent du sébum dont l'Oiseau enduit ses plumes, les rendant imperméables.
La ciliature de l'épiderme des Planaires est également impliquée dans le déplacement. Les battements des cils sont à l'origine de la force exercée sur le milieu.
Ainsi le tégument joue non seulement un rôle protecteur mais aussi locomoteur.
À l'interface entre les milieux extérieur et intérieur, il est vraisemblablement impliqué dans les échanges entre l'organisme et son environnement.